« Efforçons-nous d’imiter les vertus du Pharisien et de rechercher avec ardeur l’humilité du Publicain, mais méprisons en l’un et l’autre le désordre, l’arrogance et la souillure des fautes. »
Tropaire de la 5ème ode du canon des Matines
Le 1er dimanche qui prépare le carême (pré-carême) est celui du Publicain et du Pharisien. Les hymnes liturgiques de cette fête se trouvent dans le triode, le livre liturgique propre à la période pascale allant du dimanche du publicain au dimanche de tous les saints.
Le texte liturgique ci-dessus est chanté aux Vêpres de ce jour. Il commente la lecture de l’Evangile faite ce dimanche à la Liturgie : la parabole du Pharisen et du Publicain. Cette histoire racontée par le Christ nous est transmise par l’évangéliste Luc et se trouve dans l’Evangile portant son nom, au chapitre 18 du verset 10 au verset 14 (Lc 18, 10-14).
Ce premier dimanche introduit trois éléments centraux du temps de carême : l’humilité, le jeûne, le repentir.
L’humilité
« Frères ne prions pas comme le Pharisien, car celui qui s’élève lui-même sera abaissé. Humilions nous devant Dieu, clamant dans le jeûne comme le Publicain :Dieu, sois-nous favorable, à nous pécheurs. »
Stichère du lucernaire (Vêpres)
Par cette parabole, Jésus essaye de nous faire comprendre la nécessité de voir ses fautes pour acquérir l’humilité et ainsi pouvoir élever une prière agréable à Dieu.
À la suite du Christ, les saints nous enseignent pour nous faire comprendre l’Évangile. En particulier les Pères de l’Église et saint Antoine le Grand (moine au 4e siècle dans le désert d’Égypte). Voici deux de ses apophtegmes (courtes maximes ou histoires chargées de sens) sur l’humilité :
« La grande oeuvre de l’homme, c’est de rejeter sa faute sur lui-même devant Dieu et de s’attendre à la tentation jusqu’à son dernier souffle. »
« J’ai vu tous les filets de l’ennemi tendus sur la terre, et je dis en gémissant : « Qui donc y échappera? » et j’entendis une voix me répondre : »l’humilité ». »
L’humilité comme toutes les autres vertus ne peut s’acquérir par nos propres forces, Dieu Seul peut nous en faire don. Nous pouvons seulement Lui demander ce don et essayer d’accorder notre vie à notre demande. Nous sommes un peu comme un jardinier qui voudrait faire pousser des salades : avant de semer les graines il doit désherber et remuer la terre ; après avoir semé les graines, il doit protéger les plants de la sécheresse, de la grosse chaleur ou du froid, tout en ayant conscience que ce n’est pas lui qui donne la force vitale qui fait pousser les salades.
Le jeûne
Durant cette semaine du Publicain et du Pharisien, pour ne pas être tenté de se croire le meilleur, comme le pharisien, l’Église nous propose de manger de la viande tous les jours. L’anecdote qui suit peut aider peut-être à comprendre comment Dieu nous aide avec humour à discerner le pharisien qui peut se cacher en nous :
Un vendredi de la semaine du pharisien et publicain, un orthodoxe se trouve dans un restaurant et commande un plat de viande. Avant de commencer son repas, il se signe comme à l’accoutumée. Un de ses voisins de table le remarque et lui dit son approbation. Il ajoutant que jadis lui aussi pensait à Dieu avant de commencer son repas, que le vendredi il mangeait du poisson et il laisse comprendre qu’il regrette le relâchement où il se trouve aujourd’hui. L’orthodoxe approuve chaudement. Voilà qu’à la surprise de son voisin le serveur lui apporte son steak. Mis en face d’une situation compliquée à expliquer à un non orthodoxe et qui peut devenir une justification pharisaïque, notre orthodoxe se tait et avale sa viande un peu confus.
De cette histoire, retenons que chacun jeûne comme il peut. Pour ne pas être troublé il est préférable de ne pas s’occuper de l’assiette du voisin et d’éviter de se comparer à lui.
Le repentir
Pendant toute la période de pré-carême et au début du carême, l’Église nous propose de chanter aux Matines du dimanche trois hymnes où nous demandons au Christ et à sa Mère de nous donner l’humilité pour voir nos fautes et en demander pardon à Dieu :
« Ouvre-moi les portes du repentir, ô Donateur de vie, car mon esprit se tourne dès l’aurore vers Ton Saint Temple, malgré la souillure du temple de mon corps. Mais ô Toi qui es clément, purifie-moi par Ta compatissante miséricorde. »
« Conduis-moi sur les voies du salut, ô Mère de Dieu, car par des péchés honteux j’ai souillé mon âme et dans la négligence j’ai dépensé toute ma vie. Par tes prières, délivre-moi de toute impureté. »
« À la vue de la multitude de mes actes mauvais, je tremble, misérable, à la pensée du jour terrible du jugement, mais espérant en Ta miséricorde et Ta compassion, comme David je te clame : aie pitié de moi selon Ta grande miséricorde. »
Ce 3ème tropaire fait allusion au repentir de David exprimé dans le psaume 50 (“Aie pitié de moi ô Dieu, dans ta grande miséricorde…”). Le repentir est le désir que Dieu met dans notre cœur de retourner vers Lui après qu’Il nous ait fait la grâce de nous montrer nos fautes. Jésus nous raconte la parabole du fils prodigue pour nous parler du repentir et c’est ce passage de l’Evangile que nous lirons à la Liturgie du dimanche qui suit (Luc 15, 11-32).
Sophie Lossky
Extrait de Vers la Joie pascale, cahier catéchétique qui propose des explications et des activités sur la période qui va du pré-carême à la fin du temps pascal.
Sophie Lossky est assistante de vie scolaire (AVS) en milieu rural et catéchète. Elle a publié plusieurs fascicules de catéchèse dans la collection « Catéchèse orthodoxe ».
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