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Le Grand Vendredi

Le Saint et Grand Vendredi est le jour de la Passion, du martyre.

En ce jour nous célébrons, d’après le synaxaire du Triode, « les saintes souffrances que notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus-Christ endura pour notre salut : les crachats, les soufflets, la flagellation, les insultes, les moqueries, le manteau de pourpre, le roseau, l’éponge, le vinaigre, les clous, la lance et surtout la Croix et la mort, qu’Il accepta librement pour nous sauver ; et nous y ajoutons la mémoire de la confession par laquelle le bon larron, crucifié avec Lui, trouva le salut sur la Croix »[1].

C’est le jour de l’extrême abaissement et du sacrifice suprême. La divine Liturgie n’est pas célébrée. Le mystère pascal cède la place au Sacrifice Suprême qui, une fois pour toutes, a été offert par le Grand Prêtre, Lui qui était à la fois prêtre et victime. « Celui qui offre et qui est offert, qui reçoit et qui est distribué »[2] sur l’autel ensanglanté de la Croix. Aux Matines, les douze péricopes évangéliques nous présentent, dans tous leurs détails, les souffrances du Christ, d’après les récits de tous les Évangélistes. Ils nous introduisent, tout d’abord, dans la « chambre haute » à Sion pour nous faire entendre « le discours d’adieu » et la prière sacerdotale, « l’Évangile de l’Alliance » ; nous suivons les pas du Seigneur au Mont des Oliviers et entendons la prière de l’agonie, au jardin de Gethsémani. Nous assistons à la trahison et à l’arrestation de Jésus ; à l’interrogatoire et aux outrages devant le Sanhédrin et à Sa condamnation à mort par les grands prêtres et Pilate ; au reniement de Pierre et à son repentir ; au chemin de Croix vers le Golgotha, à sa crucifixion, à sa mort, au coup de lance, à sa descente de la Croix, à son ensevelissement, à l’apposition des scellés sur la pierre du tombeau. Tous ces événements sont reconstitués avec précision par l’admirable hymnographie et représentés de manière expressive lors de la procession et l’élévation de la Croix du Seigneur au milieu de l’église.

Les offices des Grandes Heures, avec leurs psaumes messianiques propres et les lectures de l’Ancien et du Nouveau Testament, ainsi que des hymnes appropriées nous transportent du Prétoire de Pilate au Golgotha, pour assister, avec la Mère de Dieu et le disciple bien-aimé, à l’effrayant martyre de la Croix, à la sixième heure, et au « Tout est accompli » de la neuvième heure. Aux Grandes Vêpres, avec Joseph d’Arimathie et Nicodème, nous assistons, avec un frisson d’émotion, à la descente de la Croix, pour nous lamenter, avec les femmes myrophores aux Matines du Grand Samedi, comme pour un mort, alors qu’Il est vivant, et pour déposer le corps du Seigneur dans un tombeau neuf. 

Il ne s’agit pas cependant uniquement d’une réminiscence, d’une reconstitution, d’une sorte de théâtre sacré que l’Église aurait voulu nous offrir avec toutes ces saintes célébrations. Les souffrances du Seigneur ne sont pas une histoire d’un passé révolu que l’Église veut rendre présente à notre mémoire sans plus. Ces offices représentent bien plus, car les souffrances du Seigneur sont alors réellement présentes : il s’agit d’un transfert du passé au présent et, inversement, du présent au passé. C’est un mystère. Un mystère qui renouvelle ces événements pour chacun de nous, afin que nous vivions personnellement l’événement suprême de la divine Passion, afin que chacun de nous puisse devenir participant aux souffrances salvatrices et de la gloire du Christ. Car « aujourd’hui » le Christ vient de nouveau, « aujourd’hui » Il nous livre son corps et son sang comme nourriture et boisson, « aujourd’hui » Il est cloué à la Croix, « aujourd’hui » Il est descendu de la Croix et enseveli.

Jean Foundoulis (+)

Jean Foundoulis (1927-2007), marié et père de trois enfants, a écrit de nombreux livres et articles sur les questions liturgiques. Il a été professeur à l’université Aristote de Thessalonique et directeur de l’Institut patriarcal des études patristiques à Thessalonique.

Source : Extrait des Catéchèses liturgiques publiées par les éditions Apostolia en 2019.


[1].  Synaxaire du jour.

[2].  Divine Liturgie, Prière de l’hymne des Chérubins.

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