La grâce devient nourriture pour celui qui a faim par amour du Christ, boisson douce pour celui qui a soif, vêtement pour celui qui a froid, repos pour celui qui peine, pleine certitude pour celui qui prie, consolation pour celui qui pleure.
Marc l’Ascète[1]
Les portes bénies du Carême s’ouvrent devant nous chaque année, portes de la prière et du repentir qui nous donnent accès et nous préparent à la compréhension spirituelle de ce que le Christ, le Fils de Dieu, souffre avec nous, pour nous, et de ce qu’Il nous impartit par sa Résurrection. Le jeûne dresse devant nous le tableau du renoncement, de l’ascèse, de la souffrance avec le Christ, et cache dans le mystère de la Croix la lumière de la Résurrection, de la libération de la mort, vers laquelle nous nous dirigeons avec Lui. Nous pouvons nous fixer de nombreuses abstinences pour ce temps béni du saint Jeûne, mais en premier lieu, il convient que nous examinions notre âme pour y lire ses blessures.
Le jeûne guérit nos blessures en nous donnant la possibilité de faire l’aumône, à laquelle il est lié. Qu’elle soit spirituelle ou matérielle, l’aumône nous rapproche du Christ miséricordieux, Lui qui s’identifie aux nécessiteux. Nous avons besoin du pardon de Dieu, qui nous restitue la liberté intérieure. Mais si nous ne pardonnons pas à ceux qui nous font du tort, nous ne parvenons pas à nous approcher du Christ, venu nous apporter le pardon du Père. Le jeûne est aussi pour nous l’occasion de multiplier humblement la prière, implorant le Christ – le Samaritain miséricordieux – de panser nos plaies.
« De même que la bonne santé des yeux entraîne le désir de voir la lumière, ainsi le jeûne pratiqué avec discernement suscite le désir de la prière », écrit Saint Isaac[2]. La joie du jeûne est celle de notre guérison de la lutte intérieure, d’où nous sortons vainqueur, car dans le jeûne, dans la prière, dans l’aumône, dans le pardon, nous rencontrons le Christ. « Dès qu’un homme commence à jeûner, il ressent dans sa pensée le désir de s’entretenir avec Dieu. En effet, un corps qui jeûne ne supporte pas de passer toute la nuit à dormir sur sa couche »[3]. Par amour pour nous, les hommes, Dieu se fait cohabitant de notre condition humaine, pour nous faire cohabiter avec Lui dans les réalités célestes.
Métropolite Joseph
Mgr Joseph (Pop), ordonné prêtre en 1993 et sacré évêque en 1998, est aujourd’hui à la tête de la Métropole orthodoxe roumaine d’Europe occidentale et méridionale.
Source
Extrait du livre du métropolite Joseph La voie du difficile Amour, éditions Apostolia, avril 2023.
[1]Marc l’Ascète, « De ceux qui pensent être justifiés par les œuvres », 117, in Philocalie, vol. I, DDB-Lattès, 1995, p. 167.
[2]Saint Isaac le Syrien, Discours ascétiques, 85, 16. Trad. P. Placide Deseille, éditions Monastère Saint-Antoine-le-Grand et Monastère de Solan, 2006.
[3]Ibid., 85, 17.
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